La bétise dans cette histoire, c'est avant tout d'avoir fait un référendum. La chose a été négociée entre 25, pendant de longs mois, pour déboucher sur un compromis accepté par tous, ce n'est pas pour dire non ou renégocier ensuite. La premi?re bourde est donc d'interpréter ce référendum comme une proposition. C'est trop tard, la négociation, c'était avant. Il faudra s'en prendre aux élus (c'est un usage tr?s fréquent de tout mettre sur le dos de l'échelon supérieur, que ce soit les citoyens envers les élus ou les élus evers la Commission Européenne qui ne fait qu'entériner leurs propres votes) qui ne vous ont pas prévenus, ou ? vous-m?mes, qui ne vous ?tes pas informés, ou ne vous ?tes pas intéressés ? la politique (parce que "tous pourris" évidemment, ou qu'on ne vous demande jamais votre avis, ou je ne sais quelle autre rengaine). Personnellement, j'en ai entendu parler depuis des mois, de cette constitution et de sa négociation.
La m?me bourde qui consiste ? interpréter ce référendum comme une proposition débouche sur des "je suis pas d'accord", "ça me plaît pas", "je voudrais qu'on change ç?, qu'on rajoute ç?"... Mais bon sang c'est un
compromis, vous n'aurez jamais tout ce que vous demandez. Dans la m?me veine, on s'étonne que ça ne parle pas de vos petits probl?mes concrets, de tel ou tel probl?me de la vie courante, etc. (je reste encore sidéré de cette jeune étudiante avocate qui demandait ce que la constitution prévoyait pour sa spécialité, on r?ve). Mais c'est
une constitution ! C'est-?-dire un
cadre de r?gles
générales tr?s larges (c'est d'ailleurs grâce ? cela que certains peuvent les interpréter selon leurs propres peurs et d'autres selon leurs espoirs), qui ne peuvent s'attacher ? définir le prix du pain ! Je vais dire oui, évidemment. Parce qu'il n'y a pas le choix, mais aussi parce que, ça tombe bien, il n'y a
que des avancées par rapport ? ce que l'on a aujourd'hui (la partie 3, si souvent décriée, n'est que le rappel des traités déj? en vigueur, dont le traité de Nice) ; parce qu'une constituation est un cadre, et qu'il ne faut pas lui demander des mesures qui rel?vent des états ; parce que je ne confonds pas sanction du gouvernement et adoption d'un traité européen important ; parce que l'entrée de la Turquie n'a rien ? voir avec cette constitution, pas plus que la directive Volkenstein, comme on a essayé de le faire croire ; parce qu'
il n'y aura pas de renégociation sur les m?mes bases (d'ailleurs quelle renégociation ? M?me s'il pouvait y en avoir, pour faire plaisir ? qui ? L'extr?me droite de Le Pen, l'europhobie de De Villiers, ou le PC et l'extr?me gauche ? Des français pas d'accord entre eux, qui disent Non en jouant sur des peurs différentes) et que l'on reviendra simplement ? Nice pour au moins 10 ans, pendant que les autres européens et non européens avançerons ; parce que cela a été difficile ? négocier et que l'on aura pas mieux, tout ? perdre ? ne pas saisir des
conditions aussi bonnes pour la France qui ne se représenteront pas deux fois (les autres pays seront devenus plus fort dans 10 ans) ; parce que dire "Non" c'est revenir au traité de Nice, les pires conditions pour la France, avec un poids de 18 % du couple franco-germanique au vote pour la Politique Agricole Commune (PAC) au lieu de 33 % si la constitution est adoptée, avec un traité moins démocratique, moins social que cette constitution (rapellons que nombre de syndicats européens -- espagnol, allemands... ? part quelques français -- soutiennent cette constitution) ; parce qu'avant qu'une occasion pareille se représente, les autres (pays européens entrants, mais aussi chinois, inde, USA...), eux, auront avancé. Il y a des partisans intelligents du "Oui", que l'on gagne ? écouter (Delors, Gisgard, l'excellent Josep Borell...) . Il ne s'agit pas de signer les yeux fermés, mais de réaliser ce qu'est cette constition, ce qu'elle n'est pas, ce qu'elle ne peut pas ?tre, et qu'elle étape importante elle constitue. On ne peut pas jouer avec ç?. Alors cliquez sur le lien, lisez et voter, en connaissance de cause, et pour ne pas arr?ter l'histoire.