Emprisonnement
La punition doit avoir une fonction première de châtiment, mais
d’une manière indispensable et complémentaire, aussi une
fonction d’éducation ou de rééducation, de correction,
dans le but de rendre meilleur et d’insérer ou de réinsérer
dans la société.
La règle n° 64 des « règles européennes »
de 1987 précise L’emprisonnement, de par la privation de
liberté, est une punition en tant que telle. On ne doit donc pas aggraver
la souffrance ainsi causée.
Les contres
Les effets pervers de l'incarcération telle qu'elle est pratiquée
aujourd'hui sont décrits comme :
- le sentiment d’être haï profondément
à cause de ses fautes, et que la justice et la société
ne pardonneront jamais
- le sentiment d’être abandonné et éliminé
à cause de ses fautes : il y a confusion entre la relation avec celui
qui a fauté, et la relation avec son comportement –lequel comportement
peut être aussi un accident passager, et s’il ne l’est pas,
a souvent des racines dans le passé éducatif de la personne-.
On devrait pouvoir séparer l’être des fautes qu’il
a commises : ses actes sont méprisables, mais l’être est
respectable et digne d’être aimé. Il peut se réformer
si on lui en donne les moyens, et si on le place réellement en situation
de changer. Il est digne de respect et d’écoute.
- le sentiment d’être incompris : la solitude
et l’abandon dans lesquels on laisse le détenu génèrent
l’incompréhension et la révolte (« tu as fauté,
alors on te coupe de la société, et reste maintenant seul entre
tes quatre murs »). Cette révolte restera souvent définitive.
- le sentiment de ne plus faire partie de la société,
mais d’être une race à part, celle des exclus et des irrécupérables,
celle des déchets tout justes bons à mettre à la poubelle.
Sentiment d’être du bétail que l’on parque dans des
boxes.
- une déstructuration de la personnalité (volonté
– affectivité et émotions – intellect – sans
oublier les problèmes dans la sexualité, le sommeil, la nourriture,
et les problèmes médicaux)
- une dépersonnalisation à haute dose : on
est réduit à l’état de larve qui se soumet journellement
au même programme durant des années, sans possibilité
réelle de prendre des initiatives et de transformer positivement sa
personnalité.
- une formation active au vice et à la récidive à
cause de la promiscuité imposée au détenu 24 h sur 24
: qui accepterait que son enfant passe par là ? Dans la pratique, c’est
la loi de la promiscuité et du plus fort (le caïd) qui forme les
détenus à devenir pires.
- un état constant d’amertume, de découragement,
et ce qui est plus grave, l’anesthésie du moi réel, berceau
de la récidive.
- une impossibilité de changement réel et durable,
car qui pourrait réellement effectuer un travail de réflexion
sur lui-même dans un tel programme constant de déstructuration
et de dépersonnalisation, et dans une telle promiscuité néfaste
? La prison est une fournaise de souffrances. Elle humilie, elle broie et
ne relève pas.
- la cassure de la cellule familiale : époux séparés,
enfants séparés (la punition, par ricochet, de la famille, est
profondément injuste et suscite de nouvelles victimes au système,
qui n’auront jamais droit à une réparation)
- une perte des repères réels avec la vie extérieure
: que penser des détenus qui sortiront avec l’euro, alors qu’ils
ne s’en seront jamais servi ?
- une coupure avec le monde du travail, un blanc difficile
à cacher dans un CV, assorti d’un casier judiciaire chargé
qui demeurera un handicap menaçant pour l’avenir.
- une coupure avec les amis, relations, avec la vie de citoyen
à part entière dans la cité
- un massacre définitif de la réputation et de l’honneur,
à cause des articles de presse, et des rumeurs, dont les juges pensent
qu’ils font partie de la punition : cependant cette même justice
ne répare pas ses torts lorsqu’elle reconnaît s’être
trompée dans les charges contre quelqu’un. Elle ne suscite pas
les articles de presse qui blanchiront l’accusé lors d’un
non-lieu. C'est une grave atteinte à la dignité humaine et une
injustice.
Références :